Pour le kiteur voyageur le bonheur n’est pas uniquement dans la destination
Un voyage, surtout s'il est au long cours, commence bien avant le jour du départ et se termine quelques temps seulement après la date du retour. L'avant et l'après sont deux moments importants, sources de multiples occasions de plaisirs. Et que sommes-nous d'autres sinon des chasseurs de plaisirs ? Nous sommes à la recherche perpétuelle du vent, du soleil et des vagues. Ces éléments composent la musique qui fait danser nos vies. Les vacances d'été ou d'hiver nous offrent l'opportunité d'entrer dans cette valse hypnotique où, tels des derviches tourneurs, nous pouvons nous enivrer avec l'illusion d'infini que donne le temps long.
Penser ce moment de préparation, de la naissance du projet au premier pas posé sur un sol neuf, à la descente de l'avion, voilà une occasion d'entendre la musique avant même que l'orchestre ne joue. Prolonger les bienfaits du voyage après le retour en profitant de l'effet de rémanence, faire que le silence après la musique soit encore de la musique, sont d’autres sources de plaisirs.
Au commencement il y a le projet
Le projet ne fait pas réellement partie du voyage. Une idée n'est rien tant qu'elle n'est pas suivie d'une action concrète, si infime soit-elle. Mais évoquer des destinations c'est déjà s'éclaircir la voix, faire ses vocalises. Alors, des sonorités à la fois exotiques et familières se mettent à résonner dans l'air : Caracas, Babaomby, Boa Vista, Los Roques, Cape Town, Jericoacoara, Lavanono, Rodrigues, Sakalava, One eye... et déjà on imagine le bleu des lagons, on devine les palmiers se balancer dans le vent, on croit percevoir la brulure du sable sous la plante des pieds... cocktail cérébral de dopamine et de sérotonine avec paille et glaçons virtuels en attendant le mojito, bien réel, face au soleil incandescent posé sur la mer.
Le voyage commence à la réservation...
Non sans le petit coup de stress et de fatigue lié aux recherches épuisantes sur le net et aux fluctuations incessantes du prix des vols, d'une connexion l'autre. Une fois le parcours du combattant terminé, un dernier petit frisson électrise l'échine - index suspendu au-dessus du bouton de la souris comme le marteau du commissaire-priseur avant d'adjuger... et enfin, une fois cliqué sur la validation de paiement, ça y est ! on vient de planter une joyeuse banderille dans le futur. Cette estocade temporelle nous permet d'attacher un à venir hypothétique au présent du réel. On est alors relié à notre rêve de tongs et de boardshort comme le poisson l'est au bout de la ligne du pêcheur. Il nous suffit d'enrouler avec patience le fil des jours pour tenir entre nos mains l'objet de notre désir. Avoir un billet d'avion en poche c'est la preuve tangible qu'il existe une possibilité d'évasion de la prison du quotidien. C'est la démonstration que le futur existe, qu'il est déjà en mouvement, quelque part en amont du fleuve du temps et que chaque seconde qui s'égrène nous rapproche de lui. On peut dire à qui veut l'entendre : « je m'en vais là-bas... ». On fait alors partie de la caste des voyageurs en instance de départ, de tous ceux qui ont un destin. On cloue au sol tous les indécis, les casaniers, les sédentaires. On ouvre une porte dans le brouillard de notre horizon. Demain, on ira jeter un oeil de l'autre côté de l'océan... Un sourire d'affranchi s'affiche désormais sur notre visage. Il va perdurer jusqu'au jour du départ. Le bonheur c'est simple comme un titre de transport.
Faire son boardbag : le supplément bonheur
Il n'est rien de plus pénible que de faire une valise, c'est entendu. Aux antipodes de ce déplaisir, préparer son boardbag est à l'orée de la jouissance. Il est d'abord le signe que le grand moment est proche : le départ est imminent. Alors, on rassemble tous nos jouets, tous nos chers jouets, on les étale pour n'en oublier aucun, mais aussi pour les contempler, pour le plaisir de les contempler tous... puis, avec une patience et une attention que personne ne nous connait, un à un, on les place dans le boardbag avec la précaution énamourée d'une mère pour les effets de son nourrisson. Et puis il y a aussi les pesées, les ajustements, les réajustements, les réarrangements, les négociations avec le conjoint pour qu'il accepte un truc ou deux dans sa valise... mais rien n'est désagréable, tout est positivité, tout est joie. On prépare notre boardbag et rien de meilleur ne peut advenir en cet instant.
Le départ pour l'aéroport : l’antichambre de la destination
Il s'est écoulé plusieurs semaines voire plusieurs mois supportés avec patience mais à quelques heures de quitter la maison voilà que subitement les minutes deviennent lentes. C'est l'ultime pied de nez du temps qui joue avec nos nerfs. Puis on se met enfin en mouvement ! Jusqu'à présent on évoluait dans l'obscurité d'un long corridor et nous voilà maintenant sortis en pleine lumière. Un départ c'est une dynamique, une énergie jusque-là contenue qui devient force et anime les corps et les choses. Le voyage commence à cet instant précis, aux premiers tours de roulettes du boardbag. La destination, but ultime de toute cette agitation, n'est encore qu'une somme d'images et d'impressions vagues. La joie a cédé la place à l'excitation. On charge le matos, on démarre le moteur, on roule les premiers mètres d'une distance inhumaine vers un ailleurs souvent inconnu. L'excitation devient jubilation. Comment peut-on plus habiter le voyage que dans cet instant-là ?
Dans les halls immenses de l'aéroport, on tire son boardbag avec l’indolence tranquille d'un tueur à gages trainant un grand cadavre vers la pénombre. Les autres voyageurs nous regardent avec des yeux étonnés. Eux n'ont que des Delsey communes remplis d'effets communs. Les pauvres !... Rien à voir avec le bric-à-brac informe qu'on confie au tapis roulant du comptoir d'enregistrement avec l'émotion inquiète qui allume le regard des pilleurs de trésor.
Le point d'orgue de cette moitié d'aventure est atteint dans le vrombissement des réacteurs et cette formidable sensation de poussée et d'élévation, quasi orgasmique*.
Le retour, loin du déchirement, est aussi souvent une occasion de plaisir
Ce qui caractérise le voyage c'est le mouvement. Même au paradis on peut finir par s'ennuyer s'il se transforme en quotidien inamovible. Le retour réactive la dynamique du voyage. On revient parfois vers un univers gris et froid, certes, mais la tête haute comme un conquistador, couvert de l'or du soleil, avec encore le bruit des vagues bourdonnant à l'oreille et de la poussière de sable partout dans les valises et le boardbag. A l'inverse du départ tout tendu d'excitation et de nervosité, le retour s'envisage plus zen. L'esprit s'est libéré de toutes ses charges, il s'est concentré durant des jours sur les impératifs simples d'une vie primale : manger quand on a faim, boire quand on a soif, vivre à moitié nu et utiliser l'essentiel de ses forces pour naviguer et faire l'amour, dans l'ordre qui plait à chacun. Le retour se fait donc dans un état un peu second, légèrement groggy, avec cette hébétude signe d’une saine fatigue qui imprime la douce marque du bonheur sur les visages.
En réalité, c'est lors du retour que l'on devient véritablement un voyageur. On s'est libéré d'une multitude de choses futiles dont on s'était chargé au départ (au cas où), on est rempli de sérénité (les plaisirs dont on rêvait ont été consommés), et enfin, on est devenu celui-là qui... heureux, un jour a fait un beau voyage**.
*Pour ceux qui n'ont pas peur de l'avion.
**Heureux qui comme Ulysse – Joachim du Bellay.
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