Kitesurf to avoid the big tiredness

Ce siècle n’a pas vingt ans et il est déjà chiant comme une pluie d'été. Où que l’on soit, on ne peut plus faire un pas sans tomber sur une femme voilée ou enturbannée. Pas la mouquère de 70 ans née au bled et qui l’a toujours porté. Non. Des femmes jeunes… et parfois maquillées (ne pas chercher à comprendre). Dans le même espace-temps, les néo-féministes flinguent tout porteur du chromosome XY qui aurait l’outrecuidance de jeter un œil sur ce qu’on leur donne à voir. Au mieux de leur forme, en France, grâce à l’inénarrable Marlène Schiappa, secrétaire d'État chargée de l'Égalité gnagnagna…, un projet de loi a été déposé en vue de pénaliser les comportements dégradants, dont les « regards appuyés »*. Toujours au même endroit, au pays de Voltaire, et dans le même tempo, des mouvements de gauche antiracistes, après s’être félicités de la suppression du mot race de la constitution… se racialisent. On ne compte plus les colloques dédiés aux racisés (comprenez les non-blancs). En résumé : de plus en plus de femmes voilées au pays des féministes antiracistes réinventant l’apartheid pour quiconque n’a pas la tête d’un descendant d’esclave. Vous sentez la fatigue ? Moi itou.

Je pense souvent à Gaspard Hauser, je me demande si je ne suis pas né trop tôt ou trop tard. Si c’est trop tard, on ne peut rien y faire. Si c’est trop tôt, je me laisserais bien tenter par une petite cryogénisation. Un bon bain d’azote liquide d’une… centaine d’années environ, histoire de pousser le bouchon un siècle plus loin pour voir si on a trouvé le vaccin contre la connerie (penser à récupérer un échantillon de l’ADN du grand Pasteur pour une tentative de reconstruction. Ça nous ferait sûrement plus de profit que les dinosaures). Et puis…

Et puis il y a ce moment où tu poses ton sac sur le sable. Le vent court déjà partout comme un jeune chiot tout à ses fêtes. C’est bon le vent. Ça chasse à la fois les nuages et les mauvaises pensées. Ça anime tout, ça nettoie tout. Déjà penché sur ce tas de chiffons informe à la recherche de la valve, tu n’as qu’une envie : redonner corps, donc insuffler au plus vite la vie à cette aile qui va t’emmener ailleurs. Le souffle de la pompe (du vent, encore, mais sous pression) pour un bouche à bouche réanimateur. À chaque coup de pompe, c’est un peu plus d’air qui transfuse et un peu moins de brouillard dans ton esprit. Le boudin se gonfle alors que ta tête se vide, un peu comme si la pression passait de l’une à l’autre. Déjà tu te sens mieux et ça va durer jusqu’à ton retour à la maison. Une fois rentré, BFM TV ou ton conjoint ou tes gosses ou tes voisins (ou tous à la fois) auront tôt fait de se charger de remplir les vides et d’effacer de ta face de rider azimuté ce sourire niait du gars qui a vu la vierge.

On me dira que le kite ne fait rien de plus à l’affaire que n’importe quel autre sport. Toute activité sportive vide la tête ou l’aère d’un grand courant d’air ; que le simple fait de mettre son corps en mouvement produit aussi un bénéfice sur l’esprit… Certes. Il y a cependant un petit plus pour les sports nautiques : en mer (ou plus exactement pour les kiteurs, le long du littoral, sur un lac ou un étang) tu mets à distance tous les emmerdeurs et, par conséquent, un maximum d’emmerdements. L’immensité de cet espace de jeu mouvant, le souffle du vent, le grondement des vagues, isolent le navigateur. Et pour les kiteurs, une vingtaine de mètres de lignes les éloignent un peu plus des importuns. Des importuns mais aussi des clameurs folles du monde, de celles qui s’accaparent d’autorité une part de leur temps de cerveau.

Alors il n’est pas faux de dire que le kitesurf participe, un peu plus que nombre d’autres sports, à une saine déconnexion. À quoi pense-t-on quand on fait du kite ? À rien. À rien d’autre que la navigation, les jumps et les surfs. Et puis on jouit de ce décor incroyable dans lequel on évolue. Qu’il soit de type carte postale : soleil, ciel bleu et eau turquoise, ou du style Radeau de la Méduse avec une belle brafougne des familles accompagnée de son lot de vagues rageuses et de ciel noir... La joie d’être de ce festin de vie et de mouvements est un véritable instrument de remembrement moral. Après ça, on peut tout affronter, les burkinis désolants, les bobos pathétiques (binaires ou non), les politicards fatigants, les révolutionnaires en peau de lapin, les indignés patentés, les Che Guevara d’opérette, les donneurs de leçons, les ayatollahs de l’écologie, les Lucky Luke de la critique, les vendeurs de soupe, les chaines d’info en continu, les voisins pénibles, la belle-mère… dans la mesure où il ne s’écoule qu’un délai raisonnable avant de pouvoir retourner à l’eau.

*Si ces comportements sont inacceptables et dégradants, il y a fort à parier que les inscrire dans la loi ne fera pas reculer le baudet d’un micro-pouce. Sans parler du problème de la constatation des faits. Peut-être vaudrait-il mieux s’intéresser à l’impéritie de certains parents dans l’éducation de leur progéniture ?

**Pourquoi un cactus en illustration ? parce que Facebook a censuré l'image originale (on y voyait un type en djellaba faire un selfie de lui et sa femme en niqab).
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